La Reine de Saba – Jean-Marie Michaud - la chronique BD

Critique : Nous suivons l’ascension de la reine de Saba, depuis son enfance et sa vie avec son père, le roi Akébo, jusqu’à la naissance de son fils Ménélik, des décennies plus tard. Entre les deux, c’est toute une vie qui se déroule, au cœur d’un monde où les Empires se font et se défont. La reine de Saba est un personnage fort, à l’intelligence fine, qui sait ce qu’elle veut. Un personnage presque trop parfait face à un Salomon aux défauts nombreux.

Le récit sait faire la part belle aux légendes, aux paroles, à l’histoire dans l’histoire, ce qui apporte un intérêt supplémentaire à la narration. On suit non seulement le parcours de cette femme mais aussi l’histoire d’un royaume avec ses ennemis intérieurs, ses rivalités d’Empire, ses concessions pour se maintenir. Jean-Marie Michaud parvient à nous faire sentir tout ce souffle antique, autant par l’adaptation que par son dessin.

© Jean-Marie Michaud

Le graphisme de Jean-Marie Michaud sait jouer sur un style semi-réaliste, les personnages portent leurs émotions dans leur regards. Les rehauts de blancs ponctuent habilement les dessins et apportent une jolie touche. Les couleurs, souvent douces, parfois sombres, reflètent ce monde passé. L’humour n’est pas absent. On le retrouve dans la narration de l’ascension de Salomon, racontée à la reine de Saba, et les blagues anachroniques peuvent surprendre alors qu’on s’était habitué à une certaine narration depuis le début du récit. Les compositions laissent de la place pour les magnifiques paysages désertiques et les villes s’étendant à l’horizon.

La Reine de Saba nous plonge dans un temps ancien, celui des Empires d’Afrique, et nous raconte la formidable ascension d’une reine intelligente qui sauva son royaume de la corruption intérieure.