Le 12 novembre 2025
- Acteur : Elsa Lellouch
- Plus d'informations : Le site du théâtre
Crédit photo : Emmanuelle Swan
Comédienne solaire et lumineuse, dotée d’un jeu alternant légèreté et gravité, mais conservant toujours son intensité, Elsa Lellouch joue dans la pièce Les salles d’attentes de David Yol, actuellement au Théâtre de Nesle à Paris. L’occasion d’échanger sur son parcours, ses inspirations, ses rêves et ses projets.
Que pouvez-vous dire sur ce spectacle dont le succès grandit de semaine en semaine ?
C’est une comédie mêlant le rire, le drame et l’absurde sur fond de réalisme. Cette pièce a connu un certain succès pendant trois ans avant de s’interrompre pour des raisons logistiques et privées. Il y a quelques mois, un comédien de mon agence a eu envie de redonner vie à la pièce. Il a rapidement voulu s’entourer de nouveaux comédiens pour former une véritable famille artistique.
Cette pièce est élaborée avec une rigueur technique et musical. Chaque mot est pesé, pensé. Il m’a fallu plusieurs lectures pour y trouver des airs de Bobby Lapointe et de Georges Brassens. Une alliance entre légèreté et profondeur, un équilibre qui me correspond plutôt bien. J’ai besoin de rire, d’authenticité, de justesse, avec cette part de folie douce ou moins douce, tout dépend du contexte (rires).
Ce texte permet une large palette de jeux. En effet, c’est assez galvanisant d’exprimer les différentes facettes du personnage que j’incarne, celles qu’il montre et celles qu’il cache ou croit cacher. Nous jouons pour le moment une quinzaine de dates à Paris jusqu’en décembre avant de présenter la pièce en région et au Festival d’Avignon tout le mois de juillet, au Théâtre de l’Observance.
Quel a été votre parcours pour devenir comédienne ?
J’ai d’abord suivi un cursus généraliste en communication et management des relations publiques, pour m’inscrire dans un cadre rassurant. Au fond, j’ai toujours voulu être comédienne, j’en suis certaine. Je savais que c’est là où je devais être. Déjà petite, j’éprouvais comme la sensation de percevoir le monde différemment.
J’ai toujours été passionnée d’histoires de vie. J’écoutais beaucoup, je faisais parfois parler dans mon imaginaire les personnes que je croisais. Pendant qu’ils interagissaient entre eux, je leur inventais une histoire. C’était sûrement ma manière d’explorer le monde et de répondre à mon besoin profond de comprendre l’environnement qui m’entoure.
Après mes études de communication, j’ai voulu aller plus concrètement à la rencontre de l’autre, et particulièrement de personnes en difficulté, en situation de handicap notamment. Comme si je voulais leur dire : « Je vous vois, je vous entends, je suis là, on va y arriver ». D’abord en tant qu’auxiliaire de vie scolaire puis en tant qu’éducatrice spécialisée, j’ai travaillé dans plusieurs structures médico-sociales : foyers pour enfants placés, psychiatrie, et plusieurs années auprès d’enfants autistes. J’ai tellement appris, ils m’ont tellement appris. Ces années m’ont profondément questionnées, je me suis rendu compte qu’on se parle mais que l’on s’écoute si peu.
Toujours en quête de sens, j’ai eu besoin d’un cadre pour orienter mes choix de vie. Je me suis formée à la programmation neurolinguistique, un outil que j’utilise encore aujourd’hui. J’ai compris que mon objectif caché était de devenir comédienne.
Parallèlement, j’ai eu mes premières expériences d’animation radio et télé. J’ai donc souhaité me former en école de journalisme audiovisuel pour renforcer mes apprentissages. Un évènement personnel, de ceux qui vous secoue suffisamment pour vous inciter à changer des choses dans votre vie, a précipité mon inscription en école de théâtre, comme un instinct de survie. Mon esprit ne s’arrête jamais, sauf quand je joue. J’ai compris que ce que l’on dit de soi, c’est ce que les autres perçoivent de nous. Au fond, nous seuls déterminons qui nous sommes, personne d’autre.
Quelles sont les pièces de théâtre qui vous ont marquées ?
Je n’ai pas de pièce fétiche. Ce qui me marque, ce sont des éclats, un mot, une intention, une présence, un silence, une lumière. Ce sont les moments qui me restent plus que les titres. Pour l’anecdote, avant de démarrer ma carrière de comédienne il y a quelques années, je suis allez voir une pièce de théâtre. Je me suis rendu compte à la fin que j’avais à peine suivi l’histoire, parce que j’étais complètement focalisée sur une comédienne en me disant : « Qu’est ce que j’aimerais être à sa place ».
Ayant été formé aux cours Galabru, je me suis éprise du théâtre classique, ou l’on y trouve encore toutes les vérités d’aujourd’hui. Le classique, ce n’est pas seulement des alexandrins. Les émotions y sont universelles et traversent le temps. Antigone pourrait vivre aujourd’hui, marcher parmi nous avec les mêmes élans et les mêmes révoltes.
J’aime les mots ; chantés ou rappés, tant qu’ils sont habités. C’est pour cela que je me sens aussi proche de Jaques Brel, Barbara, Dalida que de Youssoufa ou Stromae .
Et des films chers à votre cœur ?
Comme pour le théâtre ce sont moins les titres que les tracent qu’ils laissent qui me marquent. Forrest Gump, Le huitième jour, La ligne verte, À la recherche du bonheur m’ont marquée. Quand j’en arrive à ressentir des émotions si fortes que j’en oublie qu’il s’agit d’un film, c’est que cela a pris.
Mais cela ne vous atteint-il pas de jouer des émotions extrêmes ?
Justement, le jeu me permet de m’exprimer dans un cadre. C’est un espace de « liberté contenue ». J’ai appris à canaliser, à utiliser ma boîte à outils, mes images mentales, tout ce qui me nourrit sans m’envahir. J’ai aussi mes gardes-fous intérieurs et personnels.
Quels sont vos projets actuels et ceux dont vous rêvez ?
Continuer de faire voyager Les salles d’attentes. Bientôt, je tournerai dans un court métrage où j’incarne une mère emprunte de tradition, confrontée à la transition de genre de son enfant. Un rôle délicat, humain, qui m’invite à explorer les zones de tension entre amour, peurs et transmission.
Mes rêves ? Être sereine. Jouer encore et toujours. Ressentir des émotions vraies. Continuer à apprendre, explorer, vibrer, prêter ma voix, ma présence, mes émotions à des histoires qui nous relient. Sur scène ou à l’écran, tant que je me sens habitée, je sais que je suis à ma place.
Propos recueillis par Nicolas Colle
Galerie Photos
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