Le 29 août 2024
Une bande dessinée qui met en scène sans préjugé la rencontre des colons européens et les indigènes de l’actuel Brésil.
- Scénariste : David B
- Dessinateur : Eric Lambé
- Genre : Aventure, Historique, Roman graphique
- Famille : BD Franco-belge, Roman graphique
- Editeur : Casterman
- Date de sortie : 28 août 2024
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Résumé : Au XVIᵉ siècle, dans la colonie proche de la côte brésilienne, un Français a fait défection : Nicolas vit désormais avec les Indiens Tupinambas, ayant échappé de justesse au cannibalisme. Grâce à ses talents de chanteur, il s’intègre peu à peu à la tribu...
Critique : La tentative de colonie française de Villegagnon est plutôt bien documentée puisqu’un des colons, Jean de Léry, a publié un livre qui décrit la situation du Nouveau monde, avec des éléments qui inaugurent un nouveau type de récit, que Bougainville reprend par la suite pour faire voyager ses contemporains. David B. a décidé de ne pas faire voyager dans l’espace mais bien le temps, pour se rendre compte qu’il fut un temps où la cohabitation était étrange, mais pas seulement pour les Européens. En plaçant un exilé dans le camp des Tupinambas, en lui faisant partager leur culture, cette aventure devient bel et bien une parabole humaniste, à l’image d’un Montaigne, puisque le scénariste a choisi de ne pas juger, montrant le bon sens et la mauvaise violence sans aucune prise de position. Nicholas, le Français, est d’ailleurs souvent déçu par les siens, mais ne se fait pas d’illusions non plus lorsqu’une autre tribu arrive en pleine nuit. Les échanges sont en cela parfois assez comiques, comme si l’incompréhension était ce qu’avait voulu peindre le duo.
- © David B., Éric Lambé / Casterman
Comment peindre une réalité perdue, passée mais ne pouvant être que fantasmée ? Eric Lambé a choisi un style fort, outrancier, décalé même pour raconter cette histoire qui mêle la grande Histoire à de petites rivalités, qui malaxe les rêves et les faits. Avec ces personnages très simples, aux petits yeux noirs, avec ces indigènes au corps nus qui se ressemblent, avec ces grandes palissades de bois et ses buissons touffus, l’album n’est absolument pas dans la tradition d’une bande dessinée qui cherche à imiter le réel tout en donnant une empathie pour ses héros. De fait, la compassion est quasiment absente, mais l’effet recherché est plus noble : l’universalisme, l’humanisme et la réflexion sont à trouver dans ces pages lumineuses.
- © Casterman / Eric Lambé
Album audacieux voulant raconter un aléa saugrenu d’une colonisation farouche, Antipodes place le lecteur dans une position inconfortable mais très didactique : il doit aller au bout pour voir que tout cela est futile pour le récit, mais utile pour sa propre philosophie.
112 pages – 22 €
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