Le 27 novembre 2025
- Scénariste : Jean-Charles Kraehn>
- Dessinateur : Stefano Carloni
- Genre : Aventure, Piraterie, Esclavage
- Editeur : Dargaud
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 10 octobre 2025
Une nouvelle aventure de Barbe-Rouge où le sang coule, et la loyauté se confronte à la cruauté, un récit mené tambour battant par les auteurs qui ont repris le flambeau de cette série culte créée par Charlier et Hubinon dans les années 1960.
Résumé : Cette nouvelle aventure forme un diptyque avec la précédente. L’esclavage dans les Caraïbes, et plus précisément les mouvements de rébellion d’esclaves en fuite, sont au cœur de l’intrigue. Dans le tome précédent, Barbe-Rouge a débarqué avec ses marins sur un île où il doit désarmer pour le compte du gouverneur des hommes qui pillent les côtes du continent. Au lieu de les vaincre, il est fait prisonnier par des esclaves noirs en fuite ayant trouvé refuge sur cette île. Ils y ont installé leur base, un camp régi par « L’Amiral » un homme blanc ancien de la Royale qui a adopté leur cause. Éric, le fils de Barbe-Rouge et Triple-patte un fidèle compagnon de route du pirate sont partis à sa recherche avec un petit équipage. À leur tour, ils sont pris dans un guet-apens. Les retrouvailles se font dans les geôles du camp. La question qui se pose dès lors et comment font-ils s’en sortir ?
Critique : L’île aux Chimères est le cinquième tome des nouvelles aventures de Barbe-Rouge. Jean-Charles Kraehn a repris le scénario et Stefano Carloni le dessin. Le premier conserve la dimension épique de la série d’origine crée par Jean-Michel Charlier au scénario et Victor Hubinon au dessin. Cette nouvelle aventure est toujours rythmée par des rebondissements multiples. Le dessinateur Stefano Carloni dote la série d’un univers plus sombre. Ensemble, ils osent, peut-être plus que leurs prédécesseurs, entrer dans la noirceur humaine et mettre en lumière les ambivalences de valeurs de personnages qu’ils soient du côté des justes ou non.

- Tous droits de reproduction réservés © 2025, Kraehn, Carloni / Dargaud.
Dans cette nouvelle aventure, nous découvrons un Barbe-Rouge un peu plus sentimental. Père de famille et maintenant grand-père. Quand Éric le rejoint comme prisonniers des occupants rebelle de l’île, Barbe-Rouge s’enquit des nouvelles de sa petite fille. Pirate, mais humain. Les lecteur.rices connaisseur de ses histoires le savait déjà et une nouvelle fois dans cette aventure, nous sentons un Barbe-Rouge attentif aux injustices et toujours combatif, ne répugnant pas à donner la mort et à se battre sans vergogne. Les scènes de batailles à arme blanche sont nombreuses et peuvent peut-être heurter la sensibilité des plus jeunes. Elles sont graphiquement éloquentes comme les sévices qui sont donnés à ceux désignés comme traîtres. Si la majorité de l’histoire se déroule sur terre, la mer n’est pas pour autant désertée et nous avons droit également à une bataille en mer entre deux bateaux pirates.

- Tous droits de reproduction réservés © 2025, Kraehn, Carloni / Dargaud.
Le scénario met très bien en valeur la versatilité des hommes à travers plusieurs personnages. La question de l’esclavage en toile de fond de cette histoire amène une dimension plus politique aux postures inconstantes et mouvantes de plusieurs acteurs du récit. Le passage du statut de dominants à celui de dominé ou inversement est questionné à différents moments clés de l’histoire. Il ne suffit pas d’avoir subi des injustices pour ne pas vouloir en causer. La liberté n’est pas forcément un chemin vertueux.
Il y a ceux qui rallient les causes des esclaves rebelles par opportunisme et par envie de pouvoir et d’ancien esclave qui une fois libéré agissent comme leur ancien maître sur ces anciens camarades. Et puis il y a ceux qui doutent, comme Baba, un fidèle équipier noir de Barbe-Rouge, qui s’est éloigné de lui quand dans le précédent tome, Barbe-Rouge décident de répondre à la requête du gouverneur d’aller piéger les anciens esclaves qui pour vivre pillent le soir venus les plantations. Que va-t-il faire quand il retrouve Barbe-Rouge prisonnier d’esclaves en fuite ? Un personnage, une femme en particulier, fait preuve d’humanité sans pareil en traitant les prisonniers avant tout comme des hommes qu’ils soient noirs ou blancs, dominants ou dominés. Rusée, elle jouera un rôle clé dans ce nouvel épisode.
Ce scénario n’est donc pas qu’une série de batailles, de sévices et de sang, c’est aussi une invitation à se questionner sur la liberté et l’égalité parmi les hommes. Enfin, il faut aussi souligner le langage vif et gouailleur. Les dialogues sont souvent et composés d’expressions imagées qui marquent les esprits. Le vocabulaire se nourrit aussi bien d’un jargon d’outre temps qu’à celui des flibustiers.

- Tous droits de reproduction réservés © 2025, Kraehn, Carloni / Dargaud.
La mise en page est classique. Chaque page est très dense, les cases sont cependant séparées par des espaces blancs fins mais suffisants pour rendre l’ensemble tout à fait lisible. L’action se déroulant souvent la nuit ou dans la forêt, les scènes sont assez sombres et le dessinateur maîtrise le jeu des ombres et des reflets. Le trait de Stefano Carloni est fin et les visages des personnages sont expressifs. Leur carrure et leur gestuelle sont aussi agréablement servi par le dessin. Carloni parvient à saisir avec une même précision aussi bien une mimique de visage qu’une scène de combats. Les décors sont suffisamment détaillés et soignés pour permettre au lecteur de pleinement s’immerger dans l’ambiance à la fois malsaine et inquiétante de l’île des évadés.
Un bel album d’aventure qui se termine vers de nouveaux horizons, aux lecteur.rices de les découvrir.
60 pages – 17,5 €
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