Le 16 juin 2025
- Scénariste : Laurent Galandon>
- Dessinateur : Jean-Denis Pendanx
- Genre : Chronique sociale, Reportage
- Editeur : DANIEL MAGHEN
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 21 mai 2025
Un album d’une vraie beauté graphique qui raconte les ravages d’une usine installée sur le littoral de la Gambie et les conséquences pour les habitants.
Résumé : L’entreprise chinoise Golden Lead, spécialisée dans la conception de farine de poisson s’est installée sur le littoral de la Gambie, où les eaux poissonneuses sont exploitées depuis des générations par des pêcheurs à pirogues. Les chalutiers de l’usine siphonnent les ressources halieutiques et l’usine pollue l’air avec son four et les eaux par le rejet de déchets. La présence de l’usine est combattue par des militants locaux de défense de l’environnement, parmi lesquels Hadja, que fréquente le jeune Ismaila, passionné de football qui rêve de devenir journaliste sportif. S’il est peu politisé, il se rend bien compte des effets néfaste de l’usine : sa petite sœur fait de l’asthme car elle ne supporte pas les odeurs toxiques, et le statut de pêcheur de son père, Bakary, est menacé par la raréfaction des ressources. Toutefois, l’usine reste un important employeur local, à commencer par Ousman, l’oncle d’Ismaila, et possède le soutien des autorités politiques…
Critique : Fruit d’un voyage réalisé par les auteurs en Gambie avec le soutien de l’Alliance française de Banjul, Les poissons, eux, ne pleurent pas se penche sur les dégâts environnementaux provoqués par les usines des firmes transnationales installées dans les pays en voie de développement, à la législation peu contraignante. Petit pays d’Afrique de l’ouest situé au sud du Sénégal, la Gambie constitue une proie facile pour cette usine chinoise, qui promet la prospérité économique et peut se permettre, faute de contrôle par l’État, de violer les lois. Mais la société civile ne reste pas inactive, et c’est tout l’intérêt de cet album que de montrer la capacité de mobilisation des habitants locaux : ici, pas d’acteurs occidentaux, mais des Africain(e)s qui résistent.
Si le récit est une fiction avec de réels enjeux narratifs, l’album se fonde sur le travail d’observation et de documentation des auteurs, auquel on sait gré de ne pas verser dans la simplification et le manichéisme. S’il est engagé et dénonce les nuisances des grandes firmes en Afrique, le récit se distingue avant tout par son réalisme.

- Laurent Galandon, Jean-Denis Pendanx / Éditions Daniel Maghen
L’album ne fait pas dans l’angélisme, et montre une société clivée par la présence de l’usine. D’un côté, les employés locaux de l’usine incarnés par Ousman – qui doit sa position sociale à son emploi de cadre chez Golden Lead – dans l’album ou ceux qui dépendent économique d’elle (notamment les pêcheurs qui lui vendent leur poisson), défendent l’intérêt de l’entreprise. De l’autre, les habitants qui subissent les multiples nuisances de celle-ci. La mobilisation des défenseurs de l’environnement est sévèrement réprimée par les autorités, qui brutalise les manifestants. La précarité de la vie locale est par ailleurs abordée, avec le rêve de nombre de jeunes de partir en Europe : l’un des personnages est un passeur, et le héros Ismaila est en contact avec un habitant émigré en Espagne.

- Laurent Galandon, Jean-Denis Pendanx / Éditions Daniel Maghen
Les planches de Jean-Denis Pendaux, formidable aquarelliste, retranscrivent avec réalisme et chaleur les ambiances du littoral gambien grâce à des jeux de lumières et des nuances de couleurs. Quelques pages muettes s’arrêtent sur le paysage et procurent une respiration au lecteur, qui se délectera de la beauté des images. On sent que Pendaux a réalisé des dessins d’observation sur place : tout, dans cette histoire, transpire le réalisme. Le soin apporté par le dessinateur dans la représentation des pêcheurs et de la côte gambienne servent le récit, puisque c’est ce monde qui est menacé par l’usine.
Fruit d’un reportage réalisé en Gambie, Les poissons, eux, ne pleurent pas s’appuie sur un dessin de haute volée pour rendre compte d’une triste réalité de notre époque : la surexploitation de l’environnement dans des pays en voie de développement par des industriels sans scrupules.
144 pages – 23 €
La chronique vous a plu ? Achetez l'œuvre chez nos partenaires !
Galerie photos
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.











































