Le 17 mars 2013
- Metteur en scène : Macha Makeïeff
– Avec Atmen Kelif, Philippe Borecek, Romuald Bruneau, Braulio do Nascimento Bandeira, Aïssa Mallouk, Canaan Marguerite, Thomas Morris, Aurélien Mussard
À l’occasion de Marseille Provence 2013, Macha Makeïeff signe une version d’Ali Baba modernisée et haute en couleur.
À l’occasion de Marseille Provence 2013, Macha Makeïeff signe une version d’Ali Baba modernisée et haute en couleur.
C’est dans l’effervescence d’une salle remplie de spectateurs bavards que le spectacle commence. Le ton est donné dès les premiers instants, où une voie féminine dévoile, non sans charme et ironie, le contexte de l’histoire qui va nous être racontée. Un générique digne du cinéma projeté sur l’immense mur de la scène, accompagné d’une musique orientale qui s’imprime rapidement dans nos pensées, lance alors les festivités : sur scène se laisse apercevoir Aziz, fils d’Ali, houspillant contre l’ennui, vêtu d’un jean et d’un sweat zippé à capuche. Pas de doute : Ali Baba, certainement l’un des plus célèbres contes orientaux, se dévoile ici sous un jour nouveau. D’ailleurs, Macha Makeïeff, la metteuse en scène, ne cache pas son intention première, celle de moderniser ce conte complexe en l’inscrivant dans notre époque : « c’est un personnage drôle et chaleureux, populaire, qui nous ressemble et qui parle à l’imaginaire de chacun », affirme-t-elle sans détour. Originaire de Marseille, Macha Makeïeff (qui est à la tête de La Criée depuis juillet 2011) voit en ce personnage le reflet de la culture méditerranéenne dans laquelle s’inscrit la ville à l’occasion de la capitale européenne de la culture. Il faut dire que l’histoire d’Ali Baba, homme pauvre que le sort va rendre immensément riche, est propice à une relecture contemporaine, surtout en cette année 2013 durement frappée par la crise et la fuite des capitaux.
Ali Baba est clairement un spectacle polymorphe, qui entrelace la danse, le rire, la poésie et le drame avec une fantaisie réjouissante. Dans le public, les rires sont timides mais bien réels. Sur scène, les acteurs sont vifs, spontanés, totalement libérés par une mise en scène qui laisse à l’imaginaire de chacun la possibilité de s’exprimer. Le décor, à la fois composé d’éléments doux (la maisonnette, au design esthétique et original) et repoussants (la ferraille, le container), offre l’espace nécessaire aux personnages pour déambuler avec énergie et vitalité. Si l’ensemble est très bavard, (les répliques sont souvent cinglantes et cocasses, faisant la part belle aux habituels clichés du monde arabe), Ali Baba reste surtout un spectacle visuel, coloré et mouvementé, qui ose confondre différents lieux en un seul pour donner au spectateur une omniscience venant accentuer l’absurdité de nombreuses situations. Au centre de ce conte agité, les acteurs brillent par la justesse de leur interprétation – mention spéciale à Thomas Morris, qui joue l’exubérant Cassim, frère d’Ali, sans jamais tomber dans l’excès.Seule ombre au tableau, la sous-exploitation de la portée politique d’une telle histoire, surement justifiée une volonté de laisser le divertissement au centre du récit. Un choix regrettable mais visiblement judicieux, au vu de l’acclamation offerte par le public à la tombée du rideau, venant récompenser un spectacle audacieux et maitrisé de bout en bout.
Ali Baba, jusqu’au 29 Mars au théâtre de La Criée à Marseille.
Horaires et tarifs disponibles sur le site de La Criée
Galerie photos
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