Le 15 mars 2025
- Scénariste : Mark Eacersall>
- Dessinateur : James Blondel
- Genre : Polar
- Editeur : Grand Angle
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 26 février 2025
Mark Eacersall écrit ce polar curieux, au rythme lent qui n’est pas sans rappeler le Samouraï de Melville mais dans l’atmosphère lumineuse du Chinatown de Polanski. Les dessins et les couleurs de James Blondel posent cette ville en bord de mer, en bas des montagnes, au cœur d’une Espagne ensoleillée, cadre étonnant pour les règlements de compte à venir.
Résumé : {Calle Malaga} débute dans une ville déserte au lever du jour. Un homme court, seul, tranquillement, arpentant les quartiers urbains pour finir dans la montagne environnante, devant l’enclos d’un cheval. Plus tard, à la terrasse d’un café, l’homme manque de se faire voler son téléphone. Faisant preuve d’un sang-froid remarquable, il récupère son bien. La journée continue ainsi dans cette ville à moitié vide jusqu’à ce que l’inconnu apprenne que des braqueurs ont été libérés. Sa vie va dès lors se compliquer.
Critique : Cette ville mystérieuse qui ne dira jamais son nom, cette ambiance mutique qui se pose page après page et cet homme mystérieux qui vit à part, en-dehors du monde sont les ingrédients de base de ce récit aux dialogues resserrés. Mark Eacersall nous livre un polar dont on soupçonne les enjeux mais qui réserve quelques surprises. Le protagoniste, Saïd, ne parle pas, ou peu, pour dire l’essentiel. Sa vie est en fait aussi vide qu’une coquille. Pas d’attaches, pas de besoins grandiloquents, une routine journalière qui semble bien pesante. Cette routine est mise à mal par deux événements : l’installation à son étage d’un français venu pour les vacances et la libération d’anciens complices qui bousculent la tranquillité de Saïd.
Et bien sûr, ce qui n’arrange pas notre personnage principal, les deux événements se télescopent. Mais Saïd trouvera peut-être ce qu’il cherchait depuis longtemps, sans vraiment le formuler. Par contre, il y aura un prix à payer pour cela.
BD de la solitude, Calle Malaga met en scène l’isolement volontaire, une vie triste où l’action ne ramène pas non plus la sensation d’exister. Mark Eacersall soulève la question : comment vit-on quand on ne veut pas se faire repérer, quand on est en cavale et qu’on a beaucoup d’argent ? Et si l’on tient à durer. La réponse n’est pas joyeuse. Une sorte de supplice de Tantale, sauf pour celui qui sait se contenter de peu. Ce qui amène une autre question : pourquoi avoir tout risquer pour vivre ainsi ? Le scénariste se penche sur ce paradoxe avec le personnage de Saïd, ses choix et ses envies.
© Mark Eacersall, James Blondel / Grand Angle
James Blondel dessine ce récit avec un encrage fin qui sait aussi s’alourdir du noir des ombres. Si ce polar se déroule en plein soleil, il comporte ses zones d’obscurité, que le dessinateur sait bien recréer. L’ombre est omniprésente et Saïd doit faire avec, car de l’ombre peut surgir l’ennemi redouté. Les hachures épaisses marquent les décors lointains et font ressortir l’avant-plan. Le cadre se resserre sur les personnages quand ceux-ci commencent à échanger, comme les moments où Saïd doit parler à son nouveau voisin, bien plus ouvert et chaleureux que lui.
La composition des planches et la mise en scènes laisse la majorité de la parole au silence. Et les cases serrées peuvent soudain déboucher sur des dessins pleine page ou demi-planches, pour ouvrir sur un paysage, un lieu et nous permettre de respirer un petit moment.
Calle Malaga est un polar serré, dont on peut pressentir certains rebondissements, mais dont le nœud repose sur Saïd et l’opposition entre sa vie et ses rêves.
72p – 16,90 €
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