Jane face aux sirènes – Vera Brosgol

Le 25 février 2025

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Scénariste : Vera Brosgol>
Dessinateur : Vera Brosgol
Genre : Aventure
Editeur : Rue de Sèvres
Famille : Littérature jeunesse
Date de sortie : 11 septembre 2024

Disponible sur

Un conte qui utilise la figure la figure bien connue de la sirène pour diffuser un propos moderne sur l’acceptation de soi, le poids des apparences et le sens du courage.

Résumé : Jane est une adolescente ordinaire, ni laide ni vraiment jolie, qui est la fille d’un riche couple. Malheureusement, ses parents décèdent sans avoir prévu leur succession : Jane risque de se retrouver à la rue, car à cette époque, seuls les hommes peuvent hériter… et son horrible cousin est bien décidé à ne rien lui laisser. À moins qu’elle n’épouse quelqu’un… À ce propos, Jane a un plan : épouser le beau Peter, le fils du poissonnier, qui cependant ne la regarde guère. Mais quand Peter se fait enlever par une sirène, c’est tout le plan de Jane qui s’effondre. N’écoutant que sa détermination, et aidée par une vieille femme du village, Jane part à la recherche de Peter : sous l’eau, c’est un tout autre univers qui s’ouvre à elle, avec sa beauté et ses dangers…

Critique : Lauréate de plusieurs prix prestigieux aux États-Unis, dont un Eisner Award, Vera Brosgol (La vie hantée d’Anya, Un été d’enfer) retourne les codes traditionnels du conte pour offrir un message moderne. Physiquement, Jane n’a rien d’une princesse : un peu grassouillette, sans grâce, elle n’en reste pas moins une jeune femme pleine de ressources, capable de se dépasser et de faire face par elle-même à l’adversité. L’autrice donne ainsi un ton résolument féministe à son récit pour parler aux jeunes filles. Face aux injonctions sociales (le mariage) et aux aléas de la vie (la mort de ses parents, qui semblaient d’ailleurs avoir peu d’estime pour elle), il reste la possibilité de trouver en soi des ressources, peu importe le jugement que les autres ont sur soi.

Vera Brosgol crée deux figures opposées : d’un côté, Jane au physique quelconque mais au cœur, de l’autre les magnifiques sirènes aux intentions douteuses. Ces dernières promettent des merveilles à Peter qui, un peu niais, se laisse embarquer. Mais l’apparence ne fait pas tout : c’est l’une des leçons que délivre le récit.

Très inspirée par l’animation, dont elle vient, la dessinatrice propose des planches d’une redoutable lisibilité et efficacité narrative, pour offrir un récit dense aux nombreux secondaires bien taillés. Le dessin varie les couleurs, qui sont disposées en aplats. Les personnages stylisés s’avèrent très expressifs et sont toujours présentés en mouvement. On découvre avec plaisir au fil du récit l’univers sous-marin inventé par l’autrice, peuplé de créatures dangereuses et d’adjuvant, comme ce phoque au caractère bien trempé.

Inspirant et bien écrit, Jane face aux sirènes utilise les contes de fées pour mieux les détourner et offrir aux jeunes lecteurs une héroïne accessible qui s’affirme tout au long du récit, pour définitivement s’émanciper des injonctions et prendre en main son propre destin.

368 pages – 20 €

Florian Moine