Motor Girl - La chronique BD

Terry Moore est un auteur de comics reconnu, lu et applaudi dans le monde entier, dont le succès provient notamment de son humour réjouissant, qui tire cependant discrètement sur la corde sensible. Il le fait sans jamais trop en faire, que ce soit le temps d’une réplique d’un gorille un peu bourru, d’un flashback un peu ardu, d’une réflexion d’une vieille dame un peu têtue, chaque élément a ce double sens qui est tout à la fois sarcastique et sensible, réconfortant et déprimant. Ce côté attachant qui se développe petit à petit, la plupart des personnages le possède, et ils permettent une lecture rapide, sans heurts de cette intégrale. Les deux gros bras de la sécurité cristallisent ces sentiments, et le tragicomique de leur attitude en apparence est en désaccord avec ce qu’ils sont réellement. Les extraterrestres, qui font eux penser aux petits martiens des dessins animées d’enfance, sont assez secondaires, tandis que le gorille est un peu, mais logiquement, effacé. Ses réparties demeurent tout au long du cheminement assez précieuses, et l’héroïne Sam ne semble que graviter autour de ce joli petit monde, alors que tout découle d’elle.

© Delcourt

Le dessin noir et blanc, presque vide, éclatant de blanc, a un côté rebutant au premier abord. Cette abondance du blanc,ce caractère vierge finit cependant par s’estomper, par s’oublier, et laisse la place pour imaginer les couleurs : l’ocre du désert, le vert des aliens, l’écarlate du sang... L’héroïne et son joli minois fait presque figure d’OVNI au milieu de visages grotesques, presque caricaturaux, frôlant l’animal pour certains, et pas seulement le gorille. Le paysage, du désert à perte de vue, laisse une impression de vide, que la casse remplit bien, avec justement ce fouillis, sans ordre ni organisation, bien à l’image de la maîtresse des lieux et de l’histoire.

© Delcourt

Petit drame aux allures interplanétaires mais aux fins très personnelles, Motor Girl est une intégrale en apparence pleine d’action et surtout blindée d’émotion. Un joli coup de la part de Moore, qui fait convoler psychologie et science-fiction d’une main de maître.