Super Negra - La chronique BD

Il est sympa, ce petit coin de pêche déniché par Mickey et son pote Dingo. Seul hic : il se trouve pile sur une base secrète d’essais nucléaires. Irradiés par le méchant champignon, leur retour à la ville s’avère difficile. Mickey arrose régulièrement ses amis de diverses sécrétions. Sa métamorphose en un abject rat des champs est entamée. Et Dingo ? Nigaud comme il est, lui il intériorise. Il doit être un peu malade, c’est tout.

Bienvenue sur les terres de la brocarde, là où rien ni personne ne trouve grâce aux yeux de quiconque. Bienvenue chez Winshluss. Ici, Minnie est une rombière qui déniaise les neveux de Donald. Mickey, un monstre alcoolique et radioactif. Pluto est le fils spirituel, en plus gore, de Rantanplan. Et Picsou s’adonne au lynchage public des joueurs de blues. Viols, drogues et be-bop rythment ce qui pourrait être la fange du comics américain. Mais on est chez l’un des piliers de la revue Ferraille, qui maîtrise ses classiques sur le bout des pinceaux, pour mieux ruer dedans. On pense à Otomo, à Godzilla, à Jekyll et Hyde, au Docteur Folamour ou au Dr. Gonzo, aux dessins organiques de Julie Doucet ou à quelques obsessions crumbiennes. Sauf que chaque erreur de la nature est chez Winshluss directement issue du pays magique, du rêve de papa Walt, du monde des enfants et de leurs images glucosées. Ça fait désordre.

L’irrévérence est un art subtil. Des vomissures, faire un raffinement de contre-culture, n’est pas à la portée de tous. Avant lui, Reiser, Vuillemin, Gotlib ou Edika. Aujourd’hui, Winshluss, ses cases psychédéliques et son trait dégoulinant. Mais toujours avec la même conscience affligée de son époque.