Le 24 août 2017
Les films courages (ou putassiers) qui ont jalonné les quatre décennies depuis l’apparition du VIH.
Philadelphia (1993)
Hollywood s’empare « enfin » du fléau ! En 1993, quand Jonathan Demme, réalisateur oscarisé pour Le Silence des Agneaux, tourne une production avec en tête d’affiche une jeune star comique, le Tom Hanks d’avant Forrest Gump en homosexuel licencié par sa boîte pour sa maladie, l’impact est énorme ! Rares étaient encore, au milieu de la décennie, les films de studio osant placer un personnage gay dans le rôle principal. En fait, il s’agissait vraisemblablement du premier. Le drame n’est pas des plus fins, plombé par son académisme, mais la volonté de briser les tabous est réelle. Hanks remporte l’Oscar du meilleur acteur et Bruce Springsteen qui connaît l’un des plus gros succès avec le titre de la BO Streets of Philadelphia, arrache celle de la meilleure chanson à son pote Neil Young, qui concourrait dans la même catégorie pour le même prix.
Le film obtient la 12e plus grosse recette pour une œuvre sortie en 1993 aux USA (77M$)
Peter’s Friends
Peter réunit tous ses amis pour leur annoncer une nouvelle traumatisante, sa séropositivé. Loin du drame, le film choral de Kenneth Branagh est un hymne à la vie et à l’amitié plein d’esprit, espiègle et bouleversant. Avec devant la caméra Branagh lui-même, au sommet de sa gloire, mais aussi son épouse Emma Thompson, et l’acteur gay militant Stephen Fry, c’est un véritable triomphe qui attend ce film au BO français et britannique.
Mensonge
Le film de François Margolin élargit la thématique du sida à la femme mariée. Nathalie Baye se découvre séropositive, et la question de l’époux se pose. Le thème de la descente aux enfers fait peur et l’échec est au rendez-vous. Les critiques sont partagés. Le cinéaste créera la polémique à nouveau en 2015 avec Salafistes, sur la radicalisation islamiste au Mali.
Les Témoins
En 2007, André Téchiné, avec pudeur et un talent indéniable, livre le premier grand film historique sur le sida, à l’heure des trithérapies. En France, le nombre de morts lié au virus s’est effondré et les jeunes gens commencent à douter et oublier l’Histoire récente.
Le réalisateur des Roseaux sauvages, avec pédagogie et un sens remarquable de la dramaturgie, accouche d’une magnifique tragédie, avec le courage du témoin qui refuse de se taire, quand plus personne ne semble vouloir évoquer "le cancer gay".
Si les critiques sont bonnes, le public, lui, est plus réservé.
N’oublie pas que tu vas mourir
Le deuxième film de Xavier Beauvois. Après un premier long que l’on pourrait qualifier d’art et essai pur, Beauvois le rebelle ose la véhémence, un film de rage interdit aux moins de 16 ans, avec une scène de sexe explicite. Le point de départ est un jeune homme qui découvre sa séropositivité. Il va se lancer dans une auto-destruction dérangeante qui précipite cet effort courageux vers un rejet des salles et du public. Bien peu de monde ne verra cette œuvre devenue depuis bien rare. Il faudra cinq ans au cinéaste pour qu’il tourne son prochain projet, et dix ans pour qu’il perce vraiment, avec Le Petit Lieutenant.
Snö
Parenthèse télévisuelle avec une mini-série suédoise qui retrace la montée de l’homophobie en Europe, lors de la propagation du cancer gay chez les homos. Cette œuvre de mémoire a une très grande valeur sociologique et se retrouve distribuée en France, en DVD chez Outplay. Des destinées universelles bouleversantes.
Dallas Buyers Club
Un odieux hétéro, macho homophobe, se découvre séropo et se retrouve de ce fait immédiatement rejeté dans le caniveau, avec la lie sur laquelle il vomissait sa haine : homos, travestis et autres transexuels. Joué par Matthew McConaughey en 2013, le personnage est voué aux Oscars. Oui, il est bon, mais il en fait quand même des tonnes.
Les spectateurs de son époque sont détachés de la maladie. Pas certain que le film de Jean-Marc Vallée ait pu changer les regards sur les années sida.
A.I.D.S trop jeune pour mourir
Film allemand
Drame putassier, avec homo, drogue et sida, cette production de l’ancienne RFA, sortie un 29 octobre 1986 quand le sida n’avait pas vraiment d’écho cinématographique. C’est donc une sinistre première sur notre territoire. Une série B très Z, avec une musique de Francis Lai, qui sera surtout vue en VHS, chez Carrere Vidéo. Le film se permet de se vendre sur la misère des malades et d’une population mourante : le 1er film ose montrer le sida. Telle était sa tagline.
Avec Géraldine Danon, future vedette de télévision.
On n’osera pas développer le cas d’Eurociné et de Jess Franco qui produisent Opération Sida/Mission Aids en 1989. Le film trouve à la fin des années 80 une explication extra-terrestre au VIH. Un nanar invisible, bloqué par la firme du Lac des Morts Vivants (Jean Rollin), pour des raisons de droit.
Et oui, le sida n’a pas toujours trouvé dans le cinéma les bonnes réponses aux fantasmes du peuple. A l’instar des laboratoires pharmaceutiques, certains producteurs pouvaient s’avérer être de vils opportunistes prêts à profiter des ravages d’une psychose pour satisfaire la curiosité de voyeurs persuadés que, de toute façon, ils ne seraient jamais touchés, de près ou de loin, par le cataclysme. Mais ça, c’est une autre histoire.
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