Le 24 août 2017
C’est en 1986 que le cinéma commence à aborder le sida au cinéma. Les indépendants s’en emparent, courageusement, ou par goût de l’exploitation, avant qu’Hollywood ose vraiment affronter ses peurs, en 1993. Retour vers notre présent.
A l’occasion de la sortie de 120 Battements par Minute, le Grand Prix du Jury à Cannes 2017 qui retrace l’activisme d’Act Up dans les années 90, le sida se rappelle enfin à la mémoire des spectateurs de cinéma. Il révèle l’ampleur des dégâts d’une époque de préjugés marquée par le combat individuel et collectif contre la honte, à une nouvelle génération de cinéphiles pour qui, parfois, le virus appartient aux arcanes de l’histoire.
Film d’utilité publique qui permet de mieux comprendre les intolérances de notre temps et les limites du politiquement correct qui lisse nos tolérances, 120 battements par Minute nous donne l’opportunité d’investir la relation alambiquée entre le sida et le cinéma, la maladie ayant toujours fait peur aux spectateurs et donc aux producteurs pour qui investir de l’argent pour évoquer le sort de malades condamnés à l’opprobre, n’étaient pas envisageable avant 1993.
Découvrez les films qui ont jalonné 30 ans de cinéma sous perfusion.
Les Nuits fauves (1992)
Œuvre nihiliste au succès phénoménal, le cri de rage de Cyril Collard sort en salle quand l’hécatombe est à son paroxysme, en 1992. Le film sans concession choque, provoque des polémiques quant à la sexualité à risque du personnage central, autobiographique… Les débats sont constants, le film passionnant, et le cinéaste obtient le César du Meilleur Film de l’année, à titre posthume, trois jours après sa mort. L’une des grandes tragédies du cinéma français et l’un des films les plus importants de son époque. Près de 2.800.000 spectateurs en ressortiront avec le vertige.
Romane Bohringer, en premier rôle féminin, tout aussi bouleversante que Collard, est révélée.
Un compagnon de longue date (1990)
Les indépendants ont l’amour du risque. Le film communautaire de Norman René que l’on aurait pu croire condamné à parler à la seule communauté homosexuelle s’étend jusque dans la presse mainstream. Le cinéaste s’empare sans tabou et avec beaucoup d’émotion d’une tragédie alors contemporaine qui frappe principalement les homosexuels et les marginaux.
Le classique remonte aux prémices de l’épidémie, au tout début des années 80, lorsqu’apparaissent les premiers cas au sein de la communauté gay. Cette œuvre sur l’incompréhension, l’amitié et le deuil reste l’une des plus poignantes sur le sujet. Sa sensibilité et son intelligence lui vaudront un beau succès dans les circuits indépendants, en France ou aux USA. Sa valeur historique est aujourd’hui indéniable.
Mauvais sang (1986)
Pour son deuxième film, Leos Carax confirme l’originalité de son style et livre une œuvre d’une maturité bluffante en forme de métaphore du sida. Un virus sévit à Paris et tue ceux qui osent le sexe sans l’amour… Binoche et Denis Lavant sont géants. Ce film rare d’un auteur maudit, condamné au silence dans les années 90, à la suite de l’échec des Amants du Pont Neuf, connaît une résurrection inespérée sur le tard en France, en 2016, pour toucher une nouvelle génération de cinéphiles.
Et Maintenant
Docu-biographique du portugais Joaquim Pinto. L’artiste filme sans filtre sa lutte contre la maladie dans un magnifique journal intime où le poids des médicaments sert de rappels quant à la lourdeur des traitements. Du grand cinéma.
Jeanne et le garçon formidable (1997)
A l’époque où l’on crève de la maladie, Olivier Ducastel et Jacques Martineau osent l’amour, la tendresse et la chanson pour conjurer le mauvais sort. Jeanne à la sexualité d’homme multiplie les amants, mais tombe éperdument amoureuse d’un garçon formidable, mais séropositif.
Cet hommage au cinéma de Jacques Demy n’obtient pas le succès escompté, mais lancent deux cinéastes qui compteront dans le paysage du cinéma français et qui, sous couvert de fantaisie, osent affronter les thèmes sociaux qui touchent au tout à chacun. Virginie Ledoyen est révélée. Mathieu Demy aussi ; à classer au panthéon du cinéma français.
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