Le 30 novembre 2023
- Scénariste : Édith Chambon>
- Dessinateur : Édith Chambon
- Genre : Autobiographie
- Editeur : L’Agrume
- Famille : Roman graphique
Disponible sur
Une autobiographie d’une grande force graphique qui explore le poids des tabous et du silence dans la cellule familiale.
Résumé : Édith, la trentaine, vit à Paris, traîne un certain spleen et connaît une vie amoureuse chaotique. Alors qu’elle retourne dans sa maison familiale située dans le Libournais afin d’assister au mariage de ses parents – lesquels, décidément, ne font rien dans l’ordre –, des souvenirs de son enfance refont brutalement surface. Elle se remémore l’opération de son appendicite qui a mal tourné lorsqu’elle était enfant, et qui a laissé une cicatrice au niveau de son pubis. Surtout, un terrible souvenir la fait cauchemarder, mais elle ne parvient pas à poser des mots sur cette sensation. Désireuse d’en savoir davantage, Édith entame une thérapie et interroge sa mère. C’est à ce moment-là que, progressivement, certains secrets de famille, passés sous silence durant des décennies, se révèlent…
Critique :Rappeler que l’autobiographie en bande dessinée a donné au medium certains de ses chez d’œuvres – de Persépolis de Marjane Satrapi au Journal de Fabrice Neaud – est une lapalissade qu’il est de bon ton de rappeler lorsqu’on aborde le genre. Le rappel est utile ici, tant Ma famille imaginaire s’avère brillant dans l’exploration sans concession de ce qui se transmet au sein d’une famille.
- Édith Chambon / L’Agrume
Fondé sur l’exploration en profondeur de la psyché de l’autrice, Ma famille imaginaire révèle le poids éreintant du silence et des tabous au sein de la famille, qui empêchent ici Édith d’avancer, sans même que celle-ci n’en ait conscience au début de l’histoire. C’est lorsqu’elle lève le voile sur les secret de famille que la jeune femme prend conscience du rôle de cet héritage dans la construction de son identité et le développement de certains troubles. La levée de ces secrets passe en premier lieu par la libération de la parole des femmes. En ce sens, Ma famille imaginaire est un récit profondément féministe.
- Édith Chambon / L’Agrume
Entre angoisses et espoirs, Édith Chambon se livre sans concession au fil des 250 pages de l’album pour offrir un témoignage saisissant sur son parcours de vie. Ma famille imaginaire pose des questions essentielles. Comment se construire quand les fondations familiales sont bancales ? Comment être une femme libre et émancipée quand sa propre mère conserve un lourd secret ? Comment grandir quand on ignore encore des informations fondamentales sur son propre corps ? L’autrice, pour laquelle on nourrit une réelle empathie tout au long du récit dans son témoignage sonne juste, nous invite à travers cet album à interroger notre propre héritage, même s’il n’y a pas toujours de cadavre caché dans le placard.
La dessinatrice fait exploser le cadre de la case pour conférer du mouvement à ses planches colorées, ce qui confère à l’album une énergie communicative. L’utilisation de feutres donne un faux air de dessin enfantine à Ma famille imaginaire qui s’appuie en fait sur une grande maîtrise graphique et de l’espace de la planche.
- Édith Chambon / L’Agrume
Récit autobiographique brillant tant sur le plan graphique que narratif, Ma famille imaginaire témoigne que la bande dessinée du moi a encore un bel avenir.
256 pages – 26 €
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