Ysa Ferrer : l’album Sanguine, God save the Queen ?

Plus variété que pop l’album Sanguine d’Ysa Ferrer se délite en cours d’écoute mais ne manque pas de charme...

L’univers électro-pop d’Ysa Ferrer a permis à la chanteuse du tube Mes rêves de développer une personnalité forte, dans l’indépendance absolue, en marge du système des radios qui aiment le formatage. Des titres comme Les Yeux dans les yeux, Circontanciel, French Kiss, Last Zoom, Sens interdit ou To bi or not to bi méritent bien l’étiquette de singles entraînants, avec des mélodies impeccables et des concepts marketings, des visuels promotionnels aux remixes, qui forcent le respect.
Forte auprès de ses fans de quelques très bons opus (Imaginaire Pur, son chef d’oeuvre, et Kamikaze), la chanteuse revient avec un 5e album studio qui creuse un peu plus le sillon de la pop après le mi figue mi raisin Ultra Ferrer, paru en 2010.
℗ 2014 Lovarium Production
Intitulé Sanguine pour répondre au tempérament de feu de cette ardente amatrice de culture manga, le résultat est un mélange irrégulier de sons dance-électro-disco, avec des moments mous inscrits dans une mouvance française plus variété comme les ronflants Vivre comme si, Qui sait, ou J’ai écrit ma vie, qui achèvent l’album de façon trop somnolente pour donner envie de poursuivre l’écoute jusqu’au bout.
Le reste suscite des émotions variées. Titre formatée pour la scène gay, God save the queen commence sur une voix empruntée à Alizée avantd’exploser en hymne pop, avec de beaux atours orchestraux synthétiques qui tirent l’album vers son paroxysme, un exploit non réitéré par l’indigeste No time to cook qui flirte au mieux avec le dubstep, les emprunts de garage 90s et au pire avec feue la tecktonik. Chanté en anglais, on qualifiera ce titre de parenthèse électro passable. Dans la pop rock catchy, A contre jour dégage plus d’arguments pop, ainsi que l’atmosphérique Combien, dont on retrouve l’obsession de l’artiste et de son équipe pour les boucles électroniques envoûtantes. Parallel World passerait mieux en français mais Ysa Ferrer s’entête avec l’anglais qui limite ses prouesses vocales, la voix s’écrase en surface dans cette langue. Dommage, il s’agit d’un titre avenant.
A ranger du côté de God Save the Queen, le titre J’explose en couleur qui a la lourde tâche d’ouvrir l’album est convenable et doit justifier la teinte sanguine de cet album qui manque peut-être de flamme, comme le souligne Pop. Ce premier single, paresseux dans la production et les paroles, semble à côté de son époque malgré des conations évidentes à chercher du côté de Katy Perry. On respectera davantage le nouveau single, Folle de vouloir continuer, aux développements instrumentaux orchestraux comme les affectionnent tant Etienne Daho.
In fine, l’album distille de nombreux charmes mais semble être victime de son ère de zapping : il passera parfaitement sur une playlist sélective où l’on se gardera de conserver le tracklisting initial voulu par l’artiste au retour bienvenu.

℗ 2014 Lovarium Production